Les fans de dynastie sont comblés. Les lecteurs friands de people aussi. L’exposition de la galerie Joseph est un hommage aux Kennedy. Au clan Kennedy.Une rétrospective intéressante photographiquement parlant mais qui manque cruellement d’objectivité.
De Joseph, le père, à John Junior en passant par les frères du célèbre président, tous sont présentés comme de vertueuses personnes. Si cette retranscription en photos manque autant d’objectivité, c’est que le commissaire d’exposition n’est autre que le biographe officiel de la famille depuis 1995. Dès lors, cette absence de perspectives s’explique. Notre jeunesse n’apprendra que peu des décisions et actions politiques du président charismatique. Du bureau ovale, sont essentiellement narrées des anecdotes autour des enfants du couple mythique. Ainsi, le visiteur apprend que Jackie, partie en mission diplomatique, a laissé ses enfants en « garde » à leur père (comme elle était moderne !) ; comment ses petits garnements étaient facétieux et plein de vie (ces chères têtes blondes, comme c’est mignon) et enfin comment JFK « oubliait » les consignes pourtant claires de son épouse, à savoir : « N’exposons pas nos enfants à la presse ! » et laissait échapper quelques anecdotes du lapin Zsa-Zsa de sa fille Caroline…. Oui, tout ça sentait bon la famille traditionnelle américaine… et la communication, non ?
Courriers et articles à l’appui, le visiteur de l’exposition constatera l’érudition de la première dame des Etats-Unis, s’émouvra sans doute du film des vacances des Kennedy, admirera la robe de mariée de Jackie recréée d’après des photos mais n’apprendra rien sur la relation passionnée du président avec Marilyn Monroe, chastement évoquée à travers le portrait peu flatteur d’Edgard Hoover, dépeint de façon assassine en trois lignes.
L’exposition se termine par le film d’Abraham Zapruder de 26,6 secondes et la conclusion fatale des services secrets : « Le temps entre les tirs est trop court pour que les trois soient issus d’une seule et même arme. »
John Fitzgerald Kennedy a certes marqué l’histoire, il était empreint de nobles intentions, sa famille politique a contribué à assainir les états-Unis de la Mafia, aussi ne fut-ce point intéressant d’en restituer le parcours politique ? Plutôt que d’apprendre qu’il portait l’habit avec style, il aurait été utile d’expliquer la baie des Cochons, à peine évoquée dans une légende.
Icône ou idole ?
Mais le plus saisissant, au terme de ce parcours de deux heures est le livre d’or. A l’affût, je l’avoue, d’un autre circonspect comme moi, j’en fus pour mes frais : je n’ai lu que des « Merci », « Great », « Formidable » et autre « Quelle belle famille ». Intriguée d’autant de louanges (subjectives selon moi vous l’avez compris), je poussais ma lecture et compris. Là, sous mes yeux, les témoignages, poignants pour le coup, du traumatisme vécu à l’époque par les téléspectateurs. Un président assassiné en direct. Il y a cinquante ans, les plus jeunes d’entre eux disent avoir été marqués à vie. Ainsi, ce type d’exposition aurait vertu de baume pour la mémoire collective ? Voilà qui est intéressant. Et Kennedy finalement ? Icône ou idole ?