Initialement baptisé « Coquin et Cocasse » est un projet aux couleurs pop. Léo Catonnet y parle du polyamour à travers des dessins sensuels hauts en couleur. Très personnel, tout droit sorti de sa vie privée, il se situe à mi-chemin entre l’illustration et la communication puisque, début 2022, Léo Catonnet l’a rebaptisé ainsi que le compte Instagram éponyme « Les Polysson·ne·s », il  y parle ouvertement du polyamour afin de le démystifier. Un acte engagé pour défaire les préjugés et les idées reçues d’un mode de vie. Inspirés de nudes, les dessins, accompagnés parfois de textes, sont zéro tabou.

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Tout a commencé en 2018, sur un chat de Messenger. Léo, une de ses partenaires, elle-même avec une autre amoureuse, s’échangaient régulièrement des images. Tous trois appartenant au même polycule*, ils se connaissaient intimement. Vivant librement leurs amours, ils n’hésitaient pas à s’envoyer des photos coquines, laissant à chacun.e le plaisir d’une jolie vision au petit matin ou un souvenir partagé à l’issue d’une belle soirée passée ensemble… Un jour d’inspiration créative, Léo s’est amusé à dessiner une de ces photos, l’a stylisée avec son œil de graphiste, et l’a renvoyée sur le chat. Tout les membres ont été conquis par cette proposition et Léo s’est mis à en dessiner d’autres. À la suite du succès de ses illustrations au sein du groupe, l’idée de créer un compte Instagram a été évoquée. De là était né le poétique Coquin et Cocasse, aujourd’hui rebaptisé par Les Polysson·ne·s, un nouveau nom pleinement assumé qui revendique définitivement un mode de vie. Exit l’ambiguïté, âmes puritaines, abstenez-vous !

Léo est designer graphiste. Il a suivi des études à l’ÉSAD d’Amiens (École d’Art et de Design). Il parle de son métier avec passion : « Mon rôle est de mettre de l’ordre dans le visuel, de créer du sens, de le manipuler et le faire «  transpirer ″ de la manière la plus vraie possible. » Il considère qu’il a deux matières premières dans le design. Le visuel et le sens. Le tout étant de les combiner. Il poursuit : il travaille ses dessins autour d’une recherche d’unité graphique, de couleurs vives, de traits et d’ombrages d’un même style. « J’ai vu à travers Coquin et Cocasse le moyen d’exprimer ce que nous sommes, moi et mes partenaires, de montrer au monde notre manière de vivre nos relations amoureuses. Mes modèles sont volontaires, c’est notre façon de revendiquer notre mode de vie, de dire on vous emm… ! » nous confie Léo avec une pointe d’insolence dans le regard.

L’amour n’est-il pas ce qui permet de rencontrer des gens ?

Actuellement tourné vers l’illustration érotique, le graphiste aimerait faire tendre le projet davantage vers la communication. Un site internet, en cours de production, pourrait véhiculer des réflexions et de la pédagogie autour des communautés LGBT, de notions de genre, de polyamour, etc. Léo, qui officie sous le pseudo Chatteaunez, aimerait faire partie des porte-paroles de ces communautés. Pouvoir expliquer ce qu’est le polyamour et la manière dont il le vit : « Je ne veux pas simplement créer un compte militant, mais aussi avoir une approche pédagogique, discuter avec les personnes curieuses qui s’interrogent. » Si Léo a autant à cœur de défendre le polyamour, c’est parce qu’il entend trop souvent « tu dois coucher avec plein de filles, ça doit être trop bien ». Méconnu du grand public, le fait d’entretenir avec plusieurs personnes des relations consenties, multiples et symétriques, est très stigmatisé, de façon ouverte ou non. Bien que ce ne soit pas une agression en soi, ces remarques dénigrent la manière dont les polyamoureux conçoivent les relations interpersonnelles. L’auteur Des Polysson·ne·s conclut : « On se limite dans tous les domaines en se limitant dans l’amour. L’amour n’est-il pas ce qui permet de rencontrer des gens ? de vivre et de partager des expériences ? La monogamie est une construction sociale et je trouve dommage de se limiter en choisissant une seule et unique personne. »

Jusqu’à décembre 2021, Léo Catonnet n’envisageait pas d’exposer Coquin et Cocasse. Numériques, conçus pour les réseaux sociaux, ses dessins étaient pour lui plus une matière artistique qu’une œuvre à part entière. Mais avec Les Polysson·ne·s, nous pourrions bien avoir le plaisir d’un vernissage prochainement à Amiens… à suivre.

Audrey JULIEN

*Polycule : personnes, qui, de près ou de loin, sont dans une relation polyamoureuse ensemble ; à la fois une personne et ses relations, mais aussi les partenaires de ses partenaires.