Isabelle Gaudefroy NIT est artiste peintre depuis huit ans. Elle a exposé une dizaine de fois en Picardie depuis mai 2016, compte déjà deux nouvelles programmations en 2018, à Picquigny en avril, à Abbeville en juin. Son œuvre est visible jusqu’au 31 mars, à la chambre d’hôtes Edimbourg Avenue, à Amiens.
Il y a du Hopper et du Vallotton dans les œuvres d’Isabelle. À cette annonce, les yeux de l’artiste s’ouvrent d’étonnement : « Je suis ravie ! Rares sont ceux qui connaissent Vallotton » se réjouit-elle, visiblement heureuse d’être comprise. Les yeux illuminés, elle admet, un sourire timide aux lèvres : « C’est vrai, Edward Hopper, Félix Vallotton et Grant Wood influencent beaucoup ma peinture. » Enki Billal et sa finesse technique d’illustrateur se retrouve également dans la peinture d’Isabelle. En commun avec ces artistes, et pas des moindres, se retrouvent une manière de traiter la couleur ; le style si particulier de la traiter en « aplat ».
Curieuse, l’artiste se nourrit autant de littérature française, de science-fiction, de sociologie que d’histoire américaine. Avec en point d’orgue, la condition ouvrière et la condition humaine. Ainsi, dans Les Comptes II, l’âpreté de la crise de 1929 est palpable. Avec une tension dans la ligne des épaules de personnages présentés de dos et faisant face à une foule sans visage… c’est toute une histoire qui est racontée dans ce rectangle de 38 x 62 cm.
Ma peinture est un lien avec mon enfance
et les bleus de travail de mon père
Une grand-mère polonaise, un papa garagiste, un métier d’institutrice, une histoire personnelle riche où elle puise sa propre inspiration. « C’est un moyen de faire un lien avec mon enfance, mon histoire et les bleus de travail paternels. En somme, quand je fixe des objets en série sur la toile, c’est comme si je faisais une déclaration d’amour à mon père… » Elle lui donne une dignité plus grande, plus belle, que celle qui transparaît habituellement aux yeux des gens face aux ouvriers. Dans Les Clés, Les Gamelles ou encore Les patères, Isabelle « met en lumière l’interchangeabilité » des personnes. « J’aime l’idée de sublimer l’ordinaire du quotidien. Avec mes séries, je rappelle que derrière chacun de ces objets à la fonction identique, se trouve une personne unique » explique encore la jeune femme de 37 ans.
Grâce à sa peinture, Isabelle donne à voir pour nourrir une réflexion. Pour celle qui a fait des études sociologiques, peindre permet d’aller plus loin, de partager plus qu’elle ne le ferait si elle se contentait d’exercer son métier. Par sa peinture, elle donne du sens à ce qu’elle vit, à ce qu’elle voit. À travers son regard sur le monde, ouvrier et poétique, Isabelle nous adresse à nous aussi, une déclaration d’amour.