Le concert d’Ab Al Malik hier soir. Géant. Grand, sec, le ton du black a claqué, net. Ab Ad Malik déclame, raconte, se raconte à travers des textes inspirés de ses lectures d’Albert Camus. Et à travers ses mots, l’artiste donne à voir son enfance, les beaux souvenirs comme les douloureux.
Les mots choisis laissent entrevoir son enfance dans la cité alsacienne, au coin de l’immeuble, le voile, les caïds, la drogue, les casses et la prison. Visiblement, le chanteur noir est passé par une belle porte. Il ouvre son spectacle par un hommage à la mère, il nous parle de son costume bariolé aux couleurs du pays africain, des diners qui se ressemblaient « trois soirs de suite » et du sourire plein d’amour de la mère. Il raconte le père parti, laissant des dettes et un livre d’Albert Camus.
L’adolescent qu’il était alors a choisi son camp. Une petite graine de littérature qui a poussé pour retomber en textes pacifiques et prolixes. Ab Al Malik est un poète. Aucune agressivité, ni de provocation, ni de leçons de moral. Non, ses textes sont des témoignages, des histoires d’homme racontées simplement. Empreints d’humanité. D’humilité.
Public mixte dans l’âge et le genre
Beaucoup de jeunes hier soir dans la salle parmi un public mixte dans tous les sens du terme, mixité d’âge, de sexe, sociale… tous concernés par ces beaux textes, cette leçon de choses que nous a offert l’artiste. Les nombreux jeunes qui étaient dans la salle ont entendu des textes d’Albert Camus, entendu nombre de références littéraires et historiques. Ab Al Malik utilise avec brio sa plume et sa sensibilité pour transmettre un bon morceau de culture. Sur la scène, des instruments acoustiques, un danseur-serpent, un rappeur, un DJ et des musiciens constituent la famille artistique d’Ab Al Malik. Slameur, rappeur, le poète lit ses textes dans un grand cahier à la couverture noire, ce support lui permet de se concentrer sur sa diction, une seule petite syllabe doublée par erreur, quelle performance !
Avant de quitter son public et de savourer le bonheur de la standing ovation, Ab Ad Malik ferme son spectacle par une lettre écrite à Albert Camus. Le philosophe peut être tranquille, il a fait des émules, la relève est assurée. Notre jeunesse est entre de bonnes mains.