Florence Cuschieri est dotée d’un caractère bien trempé. Puriste et exigeante, Florence refuse d’être enfermée dans un style ni même que son travail soit sous une influence particulière. Entrée en septembre 2016 à l’école d’Arles, l’artiste photographe commence sa quête identitaire d’artiste photographe.
« À la recherche de l’illusion, Milan 2016-2017 », le second livre de Florence Cuschieri
Florence fait de la photographie sociale. Elle montre les migrants, les ouvriers, la solitude, le voyage…. mais se défend d’être qualifiée de photographe humaniste. Par modestie ou par prudence, elle nuance : « Je préfère « photographe documentaliste », avec peut être une tendance dénonciatrice, mais ça s’arrête là.
Dans son ouvrage photographique, réalisé à l’occasion de son concours d’entrée à l’école de photographie d’Arles, À la recherche de l’illusion, Milan 2016-2017, Florence s’interroge sur la quête universelle de l’identité. Touchée par les conflits qui secouent l’humanité, par le destin échoué des migrants sur les côtes méditerranéennes, elle rend compte de cette quête d’une nouvelle vie et de la recherche d’une nouvelle identité… Elle montre l’illusion de ces âmes venues jusqu’en Europe. Elle pointe avec sensibilité les traces, lisibles sur les visages, de la mort défiée au nom d’un monde meilleur. Avec pudeur, elle fixe les postures fatiguées, les instants de répit, les parenthèses de paix, sous le chaud soleil italien. Sans connaître ce contexte, le spectateur peut tout à fait imaginer qu’il s’agit là de touristes, d’un amoureux qui attendrait sa belle ou encore d’un déjeuner sur l’herbe un dimanche après-midi…
« Je montre la vie telle que je la vois.
Pour moi, la photo est une mise en scène du réel. »
Parfois sombres dans les deux sens du terme, les photos de Florence sont construites. Puriste et exigeante, Florence ne revendique pas l’architecture de ses photos, qui, pourtant, révèlent des lignes évidentes : « Je montre la vie telle que je la vois. Pour moi, la photo est une mise en scène du réel. Dès que j’opère un choix de cadrage ou d’angle, j’influence la photo à venir. Ce qui apparait dans mes photographies n’est donc qu’une partie de la vérité. » Florence pèse ses mots. Comme si, dans cette vérité artistique énoncée tenait tout son rapport au monde.
La seule revendication de l’artiste pour cette série de Milan est son utilisation du noir et blanc. Elle souligne dans la préface de son ouvrage que selon Ernst Haas « l’utilisation du noir et blanc dans les images entre dans une approche puriste de la réalité (…). Le noir et blanc est un stimulus, interrogatif visuel, à la fois mystérieux et inaccessible ».
Je crois qu’il y a dans tout travail d’artiste photographe
une résonance avec sa propre histoire…
Sinon, Florence réfute d’être particulièrement influencée par un artiste en particulier : « Je n’ai pas vraiment de référence artistique, ou de mentors qui m’aient menée à faire de la photographie. Je préfère dire que l’ensemble culturel et visuel qui m’influence au quotidien est mon environnement personnel. Bien sûr, il y a le cinéma, la peinture, la lecture, la photographie mais personne en particulier ne me sert de référence. » Comme si elle craignait de se couper d’autres influences ? d’être enfermée dans un style ? Elle poursuit : « Si nous nous inspirons de ce que nous voyons, de ce qui nous entoure, il y a toujours des éléments personnels dans notre travail. Il y a notre vécu. Je crois qu’il y a dans tout travail d’artiste photographe une résonance avec sa propre histoire… »
Florence Cuschieri, en quête de son identité photographique est déjà, indubitablement, une artiste.
Très belle intention, très belle artiste !